"La Chèvre ... Ça détruit tout !"

C'est par de tels propos qu'une standardiste de la fondation Bardot m'avait répondu courant avril 1992, alors que je ne savais plus où, ni à qui m'adresser pour trouver du soutien, face aux diffférents procès que m'intentait - déjà - l'office national des forêts. En effet, peu de temps après que j'aie acheté mes chèvres, le Crous de Grenoble, qui m'avait pourtant signé une convention de pâturage me met à la porte. Et moi qui étais bien trop naïf en ces temps-là, plutôt que de faire valoir mes droits, je me retrouve en quelque sorte "à la rue" avec mes quarante premières chèvres et, tout du moins ... Au beau milieu des broussailles. C'est ainsi que l'onf entre en jeu, qui brandit ses PV motivés par des lois qui remontent à Colbert, voire François Ier et moi, qui ne veux pas céder, parce que mon troupeau c'est ma vie, ma raison d'être ... Or la gentille standardiste de Madame Bardot enfonce le clou : " - Qu'est-ce que vous voulez que nous fassions pour vous ?" En somme, elle me raccroche au nez ! Il me faudra toutefois encore de longs mois pour comprendre que la solution à mon problème, je dois finir par la trouver en moi ; "mon problème" qui consiste à vouloir coûte que coûte faire paître un troupeau - en l'occurrence, le mien - en dehors de toute zone cultivée, en plein au milieu des broussailles ... Eh bien, toutes incultes que peuvent apparaître nos collines en Provence tout comme nos montagnes alpines, dans la "réalité", l'onf est omni-présent ! Ou presque, car il existe bien-sûr des forêts privées, mais mon terrain de prédilection, ce sont les bois communaux. En effet, ils appartiennent en théorie "à tout le monde" et je suis très remonté contre l'onf, que je vois depuis des décennies détruire les peuplements arborés originels, sauvages, au profit de leurs cultures constituées essentiellement de pins. C'est Duhamel de Montceau qui fut le 1er à introduire la culture des conifères dans le royaume de France. C'était sous Louis XIV et, jusque-là, pour construire nos vaisseaux, nous dépendions notamment des espagnols, qui nous fournissaient les mâts. Puis, l'habitude fut prise de planter des résineux, alors que ces derniers représentent bel et bien une sacrée régression au plan de l'évolution des espèces vivantes. Pour ainsi dire, les Gymnospermes auxquels appartiennent les résineux font partie des végétaux "préhistoriques", tandis que les Angiospermes (feuillus que nous connaissons) ont, quant à eux, présidé à notre évolution. Ce qui n'est pas peu dire ! En effet, c'est grâce aux fruits des Angiospermes que les singes ont pu évoluer en primates, desquels nous nous sommes nous-memes peu à peu détachés ... Or je constate que ce sont essentiellement les résineux qui sont à l'origine de la propagation des incendies. Aussi, l'onf a beau jeu de s'acharner a verbaliser les conducteurs de troupeaux qui osent (encore) s'aventurer dans les sous-bois, car j'ai acquis la certitude que le marche des incendies de forets est tres ... Rentable ! Et pas que pour les pompiers, qui ne voient jamais d'un bon oeil qu'un berger vienne faire paturer ses betes dans les collines. Personnellement, c'est ce que j'ai vecu suitd a mon implantation a deux pas de la Ste Victoire en 2004 ; les deux premieres annees,j'ai ete l'objet d'intimidations a repetition ... Et quant a l'onf, l'interet d'un incendie de foret est grand, car la destruction "naturelle" de peuplements forestiers sauvages est alors l'occasion de chantiers de replantation aux avantages substanciels pour les dirigeants de cet office qui n'est autre que la continuation du corps des maîtres des eaux et des forêts créé, dès 1291, par Philippe VI de Valois. En somme, vouloir prétendre que les chèvres détruisent toute végétation, c'est nier le fait que le règne animal est apparu d'une façon concommittante au règne végétal. L'un a toujours eu besoin de l'autre pour proliférer et cela est si vrai qu'une forêt sans prédateurs va "s'asphyxier" par manque de lumière. En revanche, les animaux qui la broutent l'entretiennent, de la même façon que tout rosier, toute vigne devient prospère dès qu'on le/la taille et qu'on le/la fume. Un animal qui broute taille et fume également ! Ainsi, le mythe comme quoi les troupeaux ont été la cause de la désertification du Sahara, voire de la "dégradation" des végétaux sur le pourtour de la Méditerrannée trouvent en vérité son fondement dans la volonté de discrimminer les éleveurs nomades opposés, bien malgré eux, à l'établissement des sociétés paysannes. Car rien n'est plus simple, lorsqu'on veut se débarrasser de son chien, de dire qu'il a la rage et c'est exactement ce qui s'est produit, lorsque les sédentaires ont accusé les troupeaux des nomades de déforester ! Car l'assèchement du climat, depuis environ 10 000 ans, a notamment conduit à une élévation du niveau des mers d'au moins 120 mètres. Un tel bouleversement climatique, qui a conduit à la fonte d'une calotte glaciaire de plusieurs km d'épaisseur, est essentiellement lié aux lois de l'astro-physiques telles que Milankovic les a mises en évidence en 1937. Ces lois permettent d'expliquer la cyclicité des épisodes glaciaires sur notre Terre depuis qu'elle existe en tant que satellite de notre étoile soleil. C'est la combinaison des 3 phénomènes que sont : la variation de l'obliquité de l'axe de rotation de la Terre, la variation de son orbite elliptique et la précession climatique des équinoxes, qui induisent les épisodes de réchauffement alternant à ceux de glaciation. Car si partout où les troupeaux broutent, le désert devait s'installer, alors comment se fait-il que d'immenses contrées en Asie, qui sont pourant pâturées depuis des millénaires - je pense à la Mongolie, au Khirgizistan - soient restés humides et verdoyants ? Le problème de l'origine de la désertification de nombreuses autres contrées est ainsi à chercher ailleurs qu'auprès des bergers ...
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